A - Du coté de la synthèse
rassurante
B - La profusion, poudre aux yeux?
Vers une "Mise en scène
de l'information"
L' ergonomie de l'interactivité et la gestion de grandes
masses d'informations s'opposent et vivent ensemble dans le traitement de la quantité
à l'écran.
Défi majeur pour le concepteur, il n'a souvent qu'un seul écran pour
ces deux enjeux : le premier écran.
Profusion ou synthèse? C'est à partir de cette alternative que l'observation
du traitement de la quantité à l'écran parait être la
plus riche d'enseignements.
Les 650 Mo d'un CD Rom représentent la valeur écrite et illustrée
d'une petite bibliothèque personnelle. Certains sites Web comptent leurs pages
en milliers. Nous sommes loin du mode d'appréhension d'un seul livre. Nous
n'en avons pas encore la pratique courante, la culture.
Faut-il présenter ce foisonnement, cette profusion à l'interacteur?
Site Web ou CD Rom, il y a toujours un premier écran. D'abord, il nous donne
une idée des informations contenues, des choix possibles, ce qui inclinerait
à la profusion. Ensuite, tâche ingrate, il doit servir de mode d'emploi
du multimédia; sur ce point, la synthèse (clarté et rapidité
d'appréhension) rassurerait tout le monde.
Profusion ou synthèse, les concepteurs interactifs n'ont pas toujours
le choix, ils doivent souvent afficher de nombreuses informations synchrones. Dans
l'espace réduit de l'écran, nous allons voir que le temps, justement,
pourrait s'affirmer comme une dimension majeure.
A - Du coté de la synthèse rassurante, les dévoilements.
Les dévoilements d'informations ne se trouvent que dans
les oeuvres interactives ou dans les livres animés.
Le menu déroulant (cf Musique en 3D - Gallimard) nous vient des écrans
informatiques mais peut prendre une forme plus imagée sur un CD Rom. La mosaïque
d'images (cf Impressionnistes - Index+) s'est d'abord imposée sur le câble
avant de nous proposer des fenêtres de pré-vision qui ouvrent vers des
écrans entiers. Le passage d'une semi-transparence ou d'une semi-obscurité
à une mise en évidence (cf Le Cube de Navigation - CSI illustration
infra) fait partie de l'arsenal des graphistes sur ordinateur.
L'écriture de longs textes selon une structure qui s'affine tout au long trouve
sa résolution dans le mode plan très utilisé outre-atlantique.
Cet usage du traitement de texte (sur Word, Persuasion ou Claris Impact) replie le
texte pour n'en laisser voir que la structure, déplie un paragraphe pour y
travailler ou déplace un chapître entier dans la hiérarchie verticale
ou horizontale du plan.
Si l'espace de l'écran est reconnu comme réduit, le Temps reste
une dimension peu explorée. La génération de zappeurs qui, la
première, a investi les écrans informatique ne nous en a guère
laissé le ...loisir.
Nous pouvons imaginer que l'interacteur, cliquant dans une partie de l'écran,
s'aperçoive qu'une autre partie a changé entre-temps. S'il n'avait
pas laissé ce temps passer, les informations ou les images ne se seraient
pas dévoilées pour lui. Le dévoilement dans le temps
sera peut-être une antidote au zapping, à la clicmania.
Les interfaces-écran empruntent maintenant la 3 ème dimension, la profondeur,
pour réduire la taille visuelle des informations plutot que de les faire disparaitre.
La perspective, la profondeur, les zoom ou travelling sont utilisées pour
ranger sans encombrer.Cette tendance est ergonomique car on s'aperçoit que
ce qui fatigue le plus l'interacteur, ce sont les clignotements, les changements
complets d'écrans, ce sont les adaptations de la perception à de "pages"
foncièrement différentes. Toute économie de l'oeil et du pixel
deviennent bienvenues.
Enfin les traitements de textes récents intègrent le surlignage par
la couleur. Les "mots bleus" scandent nos textes sur le Web (ce
texte a été écrit directement sur page Web même si sa
destination finale est le papier). Dans ce domaine, la palme revient encore une fois
à Xerox (SeeSoft - La Recherche - Mars 1996) pour sa visualisation de milliers
de lignes selon des couleurs allant du rouge au violet. Cette palette veut signifier
la fraicheur des ajouts ou des corrections. Il en résulte une excellente vue
d'ensemble sur un texte. D'autres critères pourraient s'attacher à
ce type de visualisation. Bien évidement ces couleurs cliquables dévoilent
les textes.
B - La profusion, poudre aux yeux ou accés direct.
Les habitués des OS modernes ont une pratique quotidienne
de la profusion : profusion de fichiers, profusion de logiciels ouverts, profusion
de rangements... Cette "explosion" se traduit par l'ouverture de nombreuses
fenêtres (cf Partitions). Ces fenêtres se superposent,
se juxtaposent, passent à tour de rôle au premier plan. Certains logiciels
proposent donc plusieurs ordonnancements possibles : la mise en onglets, l'affichage
juxtaposé,la réduction de la fenêtre à une barre.... Les
fenêtres étalent la profusion dans leur profondeur. L'Encyclopédie
Universalis les accumulent cote à cote, les serrant au fur et à mesure
de leurs ouvertures successives. Cet usage nous enseigne le besoin et les avantages
de garder à l'écran les étapes d'un cheminement vers l'information.
Des OS comme X Windows et Be OS (sur Mac, Virtual shareware) mettent en oeuvre
des écrans virtuels pour augmenter la taille de ce plan de travail. Une petite
fenêtre représente en miniature 2 à 6 écrans. Un clic
sur une de ces miniatures ouvre l'écran correspondant avec les logiciels et
fichiers qui y étaient en service. Cette solution à la profusion crée
en fait une image plus grande que l'écran, elle n'est pas loin des
panoramiques de la 3D.
La collecte d'informations sur Internet et leur variété (images, textes,
sons...) prend une ampleur que les rangements des OS ne peuvent assumer. Loin de
la lourdeur des bases de données, les gestionnaires d'information comme ScrapIt
Pro ou EasyWiew gèrent la quantité (images, textes et même
sons) avec une liste. Cela n'est possible qu'accompagné d'un outil
de recherche plein texte ou mieux. Les listes alphabétiques ou par date conviennent
pour moins d'un millier d'items. Ces gestionnaires séduisent surtout par leur
facilité de mise en oeuvre et le fait qu'ils visualisent des fichiers provenant
de logiciels différents.
Enfin, certaines métaphores comme la roue, la ronde, la rue ou la ligne
temporelle rendent la profusion moins chaotique, plus familière. Le PARC de
Xerox y ajoute la métaphore "rooms" qui transforme l'idée
d'écrans virtuels (cf plus haut Virtual) en image de salles en trois dimensions
avec donc 3 ou 4 murs et une profondeur.
Conclusion:
Vers une "Mise en scène de l'information"
Alors? Profusion ou synthèse? Richesse ou clarté?
Les réponses se trouvent déja dans l'usage d'autres médias.
Autant l'information à consulter exige la synthèse pour le repérage,
pour alléger la charge cognitive, autant le jeu, le loisir baignent dans la
profusion, l'immersion, la reconstitution de la réalité complexe....
L'information en gestation, le plan de travail font exception à cette alternative
car il sont le lieu même de l'accumulation avant synthèse. La bataille
pour l'ergonomie des interface d'OS (et la survie de l'interface Mac) n'en est que
plus révélatrice.
La visualisation de l'information devient un enjeu majeur dans le contexte
d'accessibilité aux 300 millions de pages Web (06/98). Elle ouvre des pistes
pour des interfaces pleines de replis, des interfaces pétries de temps, des
interfaces qui balanceraient facilement entre la mémoire utile et l'oubli
nécessaire.
David Cohen© - 1998 - Tous
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